samedi 12 décembre 2009

Caméra café

À Silvia Cattori.

La caméra filme, la mémoire file. On est près d’Israël. On témoigne, on documente, on informe. Quand les médias déforment, l’imagination prend forme. On est à un check point. Check, my caddy, check ! Sors ton chèque. Avant la guerre, c’était la Palestine ; maintenant c’est les territoires occupés. Les territorialisés souffrent, Israël souffle. Israël sent le soufre. Souffre ta douleur, pauvre rabougri, les Palestiniens ne lâchent pas l’affaire. Ils galèrent, mais ils gagnent. Tu gages ?
C’est un point de contrôle entre Israël et les occupés. Y’a plus d’Etat. C’est un bus rempli de Palestiniens. Y’a plus d’état. Des tas d’hommes jeunes et des vieux ; des femmes avec des châles. Des enfants muets et tendus. Ils vont faire leurs courses devant Israël. Pas en Israël. Aurait-on le droit de palestinianiser la terre d'Israël? La sainte terre hait les souillons. Ils sont contrôlés parce qu’on a peur du risque. Ils seraient terroristes. Le terreau risque de gangrener la terre promise. Alors, on flique, on harcèle, on piétine. On vit dans la terreur. Israël, c’est l’Occident moins la sécurité. C’est la guerre permanente contre le terrorisme. Ils sont plus forts, ils sont faibles.
C’est des soldats qui sont en service. Des jeunes et des moins. Ils sont habillés avec des treillis verts et des rangers. Ils ont des mitraillettes, des pare-balles et des casques à pontes. Ils sont des surhommes difformes. Ils sont plus grands, plus costauds, moins humains. Ce sont des machines, des bêtes, des têtes dénuées de sentiments. Ils font pitié. Ils intimident. Ils sont mal. Ils ne font pas humains. Ils sont embarrassés. Ils se déshumanisent. C’est la crise. Ils obéissent aux ordres. Les chefs ont dit : les Palestiniens sont des chiens. Tu aboies ? Les Israéliens ont des chiens.
Au check point, les soldats sont une dizaine. Ils assurent. Les Israéliens ne sont pas les Palestiniens. Les Palestiniens sont des pygmées, des cotonisés, des chèvres. Les Israéliens sont au-dessus. Ce sont les futuristes. L’avenir de la terre, le fleuron de l’Empire. Ils vérifient, ils dédaignent, ils méprisent. Ils vampirisent. Il fait chaud. Le barrage est torride. Les soldats ont des consignes. Tu vises, tu signes. Tu dévisses, tu couches. Deux Palestiniens sont à genoux, ils regardaient de travers. On ne regarde pas en face. On n’est pas du même monde. Quand on est immonde, on appartient à la Bête. Ne fais pas ton Schtroumpf.
Les Palestiniens sont pressés. Ils sont blessés. Ils sont stressés. Allah bless. Ils doivent rentrer. Ils n’ont pas de temps à pendre. Ils ont l’habitude. C’est l’humiliation des territoires. Les Israéliens sont des purs. Les Palestiniens ont des murs. Quatre hommes sont à genoux. Les soldats lèvent les mitraillettes et haussent le ton. Quand on contrôle, les chefs ne sont pas les trolls. Les esclaves ne sont pas les enclaves. Les femmes voilées sortent du bus. Les enfants ne disent maux. Ils ont conquis. On ne parle pas aux étrangers. Les fatmas sont ailleurs. On ne répond pas aux hommes vengeurs.

La visite en France du Premier ministre israélien suscite les passions. Les manifestants l’insultent. Les policiers veillent. Le Premier ministre est un grand criminel. Le père de la bombe atomique est un ancien terroriste sioniste. Il a un passé de vicelard. Il joue les colombes fragiles. Il est dépassé. Sa violence l’a dévasté. Il a une tête de chameau. Il marche avec une certaine fierté mécanique. Il est vieux. Il est faible. Il a du mal à répondre aux attaques. Il a tort mais il murmure. Jamais il ne cède. C’est sa devise. Devant les caméras de télévision, le porte-parole du parti au pouvoir plastronne. Le Président est un ami des sionistes. La France est du côté d’Israël. C’est la fin d’une époque. Israël est la faim de l’Empire.
Le porte-parole est un ultra-libéral vaincu. Il vient de l’extrême extrême. Pour lui, nationalisme, c’est gentil. Il a cassé des gauchos pendant sa jeunesse. Génération Nouvel Ordre. C’était son credo, son mouvement, sa conduite. Après, il s’est casé. Il s’est rangé des voitures. Il a compris qu’en infiltrant, il gagnerait en pouvoir. Le pouvoir, c’est le secret du monde. Le porte-parole porte le pouvoir sur sa tête. Il a les traits durs, les cheveux frisés, l’œil malicieux. Alain Méribel. Il vient de la droite ultralibérale et atlantiste. C’est son recyclage, l’atlantisme dur. Il a travaillé dans les officines atlantistes. Il est député de Paris, il est dans le système. Les politiciens de droite aiment les militants extrémistes zélés. Les types qui ont oublié la violence et se sont convertis à l’atlantisme. À l’impérialisme.
« La visite du Premier ministre israélien est un honneur pour la France et un plaisir pour le Président. Les deux hommes sont amis. L’Etat français est pour une paix juste au Proche-Orient et il est impensable que l’Etat d’Israël se fasse sans l’Etat palestinien. »
Clause toujours. C’est la formule préférée des sionistes français. On noie le poisson. On récupère le poison. On est plus malin. On hait le larcin. On est du côté de la paix. Ça permet de divertir. Alain Méribel est diplômé de droit. Il aime la droite du droit. C’est un homme de droit. Il a toujours défendu l’extrême-droite païenne et occidentale. Il a un penchant pour les théories extrémistes. Tant que c’est violent et intello, c’est son dada. Il s’est lancé dans la politique quand il a compris que l’activisme néo-fasciste ne donnerait rien. Il manie la langue de bois. Au fond, il est fier de n’avoir pas changé. Il a les mêmes idées. Il a les mêmes amis. Il roule pour l’Occident. C’est le monde qui a changé. Pas lui. Des dizaines d’amis ont milité avec lui, qui avaient leur carte au Nouvel Ordre.
Ils ont viré de bord quand ils n’avaient plus le choix. Le meilleur moyen de ne pas se trahir est de rouler pour l’ultralibéralisme atlantiste. Cacher son nationalisme occidentaliste dans l’atlantisme respectable, travailler pour les grands patrons, cachetonner pour les multinationales au service de l’Empire français. Méribel a assouvi ses ambitions d’adolescent. Il traîne avec les maîtres du monde. Il est le familier de l’homme le plus puissant de France. Le Président de la République vient de ses réseaux, mais il est plus conventionnel. Méribel se console d’avoir trahi ses idéaux : quand on vient du vrai fascisme, c’est plus que bien d’être dans le système. Méribel est heureux de tromper, de dissimuler, de simuler.
Il déteste les juifs, mais il a le sens des priorités : actuellement, le sionisme, c’est la porte d’entrée ; la porte de sortie, c’est l’occidentalisme.
« Israël est la fierté de ceux que l’antisémitisme rebute viscéralement. Nous ne tolérerons jamais qu’on remette en question Israël parce que nous ne tolérerons jamais l’antisémitisme et se dérivés gauchistes et complotistes. Il est capital, je dis bien ca-pi-tal, d’afficher notre détermination contre l’antisémitisme alors que certaines situations tendent à instrumentaliser les conflits et à appuyer le terrorisme. »

Tout le monde sort du van. Les soldats israéliens ne sont pas contents. Finis de jouer. Les Palestiniens n’obéissent pas. Les Palestiniens sont des enfants. Les Palestiniens sont des garnements. Les Palestiniens ne comprennent pas. Ils sont sans politesse. La tourbe est fourbe. Les Palestiniens sont des terroristes. Ils abritent le terreau des terroristes. Le chef des soldats israéliens n’est pas un facile. Il a les rames, il a les casques, il a les treillis. Il ne laissera pas faire. Il exige les papiers. Les Palestiniens rechignent. La tension monte. Les Palestiniens contestent. Le chef israélien constate. Il est baraque. Ce ne sont pas des graines de terroristes qui vont le déstabiliser. Il ne recule pas. Il vit dans un kibboutz. Il fait son service de volontaire. Il hait les Palestiniens.
Il est sioniste de père et mère. Les Palestiniens ont volé la terre sur laquelle ils habitaient. Il hait les Palestiniens. Le conducteur conteste ? Il a une grande barbe longiligne qui descend sous le cou. Il est hors du coup. Il est coutumier des coups. Il a une tête de voyou. Un jeune qui a lancé des pierres - et qui milite pour des milices ! Un propre à rien. C’est pas le ramadan, le jeune est à jeûn. Il est à cran. Il est tout blanc. Il se fâche. Il conteste. Il discute. Le chef des soldats n’aime pas qu’on discute. Application immédiate du plan de sécurité. Fouille au corps.
Direction le préfabriqué, où les soldats israéliens boivent le café et se reposent du soleil de plomb. Quand ça chauffe, on pète les plombs. Le jeune se refroidit la cervelle Le chef est calme, olympien. Il domine, serein. Un deuxième jeune serine son venin. Lui aussi s’énerve. Tu quoque ? C’est l’effet boule de neige. Le chef n’est pas chef pour rien. Ses supérieurs lui ont dit qu’il avait du charisme. Il est tenace. Il est sagace. Il est pugnace. Il fera un excellent meneur d’hommes. Un mateur d’ânes. Pour l’instant, il s’occupe des Palestiniens. Ils veulent s’énerver dans leur van d’opérette ? Normal : ils n’ont rien dans la ciboulette. Qui a le pouvoir ? Qui décide ? Qui est armé ? Qui est le chef ?
C’est très mal de défier. Le deuxième gaillard est à genoux. Il est à deux doigts de la correction. Deux soldats le braquent sur le bord du champ. Il ne bouge plus, l’humiliation ne fonctionne pas. Le chef se sent mal. C’est lui, l’humilié. Les Palestiniens ne discutent plus. Les femmes ne crient pas. Elles ne palabrent pas. Elles sont sorties pour soutenir les résistants. Résidents ? À la fatigue et aux procédures interminables – on en a marre des papiers et des contrôles. Les enfants veulent rentrer. Les enfants sont fatigués. C’est pas une vie, toujours interdits, étiquetés. Les femmes sont lasses.
Un vieil homme s’énerve.
« Je veux mourir ! »
Il crie comme un damné. Il n’a rien à perdre. C’est son honneur qui sort de son corps. Quand il se calme, les autres hommes se font entendre. Le chef détourne le regarde. Il est ailleurs ; il n’est pas au niveau. Il est supérieur. Il est leur supérieur. C’est toujours pénible, les tracasseries. La loi est la foi. Il est chargé d’appliquer la foi. Il est très fier de son travail. Il est zélé. Il est docile. Il veut bien faire. Il administre à la lettre. Le vieux commence à lui courir sur le haricot. En haut lieu, il fat éviter les dérapages. S’il embarque le vieux, il risque le dérapage. Les Palestiniens ne l’admettront pas. Ses hommes tiquent. Pas touche aux vieux ! Le chef fait un boulot difficile.
« Je veux mourir ! »
C’est reparti. Le vieux crise. Le vieux exige. Il veut retourner chez lui. Il veut sa liberté. Il est fâché.
« Laissez-nous repartir ! »
Il parle en anglais. Il connaît l’hébreu ? Il roule les gutturales et il râle.
« Laissez-nous partir ou mourir ! »
Il est à bout. C’est l’humiliation qui sort. Cinquante ans d’humiliation. Ne touchez pas à l’honneur d’un Arabe. Les Arabes sont des courants d’air. Les Arabes sont des sources d’eau. Ils sont insaisissables. Ils sont intraitables. Ils vous useront le plus solide soldat. Le chef israélien est à bout. Il a failli. Il a gaffé. Il a humilié un vieux. Il reste intransigeant. Il reste morose. Dans le fond, il doit céder. Bientôt. Il fait de la résistance. Il va relâcher les deux islamistes. Il se console comme il peut. C’est lui le colon. Le vieux est brisé. Deux heures de perdues.

Il porte une écharpe rouge. Il perd ses cheveux, mais il n’a pas le temps de compter. Il est dompté. Il est de la rue d’Ulm, de l’agrégation de Lettres, il est journaliste. Il s’appelle Mauséus. Il compte dans le spectacle parisien. Dans la République des journalistes. Il hait à la tête de la réaction. Il commande la rédaction de l’hebdomadaire socialiste le plus lu de France : Réplique. Il est très célébré. Guère célèbre. C’est de bonne guerre. Il adore le théâtre, ses amis sont des intellos, il est invité aux tables télégéniques. Il est l’ami de l’amant de la première dame de France.
Il a l’oreille des puissants. Il est de la gauche ultralibérale. Il est plus que bobo. C’est un facho de gauche. Aujourd’hui, dans son emploi du temps minuté, il enregistre sa chronique. Son édito. L’avenir du journalisme écrit passe par la télé. C’est son idée cardinale. Son idée maîtresse, lui qui n’a pas le temps d’entretenir des danseuses. Il a les idées les plus stéréotypées de France. Ce n’est pas sa faute : il est ultraacadémique. Il ne comprend rien. Il est speed à force de sniffer de la dope pour tenir son agenda plus chargé que le programme du Président de la République. Il passe son temps à donner son avis sur ses vues. Il n’est jamais contredit.
On lui dit qu’il est brillant ? On le complimente. Il n’a jamais le temps de s’ennuyer. S’il avait du temps, il tendrait. Il déteste le détendu. Quand il est sur le point de réfléchir, il joue au comédien. C’est son registre, sa marionnette. Il débarque de sa vespa. Il a un chauffeur et il lit des dépêches sure le siège arrière pendant qu’on le conduit devant. à droite et à gauche. Il est quelqu’un – de très important, de très arrivé, de tout à fait installé. Il est si crucial qu’on le consulte pour des broutilles. Que pense-t-il des crevettes ? La mode ? Les escarpins ?
Alors, sa chronique anachronique, c’est son moment de vérité. Des milliers de clics le coucheront dans la boîte. Il a le vent en poupe. L’Elysée lui sourit. Son engagement, c’est de railler la gauche. Rallier la gauche. Il fait déjà dans l’ultralibéralisme. Il fait dans son froc. Effet garanti. Il lance le débat par ses positions polémiques. Il hurle qu’il n’est pas de gauche. Il vient d’assigner les Antillais au travail.
« Les assistés feraient bien de se réveiller »
C’est tellement caricatural qu’on n’a pas compris la provocation. On méconnaît la vocation. On contre-interprète son créneau. Être la droite de la gauche. Etre la gauche ganache. Il est sur un segment novateur. Personne n’ose déranger. Il arrange. Il est surexcité. Tout le temps hors de lui. Il ne se rappelle plus toujours ce qu’il dit. Il parle. Il cause. Il pose. Il gesticule. Il est blanc comme un linge. Ses cheveux sont tirés à force d’être peignés. Il est maniaque. Il frôle la manie.
Il a décidé de s’exprimer sur le récent massacre de Gaza. Mille Palestiniens gazés au napalm et au phosphore. Du crime de guerre. On attend d’un journaliste de gauche naguère qu’il ménage la chèvre et le chou ; qu’il se garde de l’antisémitisme et qu’il réclame un Etat palestinien. L’arrêt des massacres. Eh bien, lui, une nouvelle fois, une foi de plus, il prendra le contre-pied. Être là où on ne l’attend pas. Etre l’original du caviar. Il caviarde les Palestiniens. Il encense les Israéliens.
« Qu’on se le tienne pour dit : l’Occident a besoin d’Israël. L’Occident est rassuré quand Israël lance cette guerre contre el terrorisme. La barbarie du terrorisme n’a pas le droit d’attaquer les citoyens du monde libre ! »
Clic, claque. Mauséus la tête à clacs. La girouette à talc est un vassal des financiers. À Saint-Germain il est l’anticonformiste du milieu. Dans les réceptions et les châteaux, il est le fou du roi. Le roi est absent, lui est présent. Les Israéliens, il ne connaît rien. Il est du côté du manche. C’est sa manière d’être adroit avec la gauche. D’être dans l’incorrect, le révolutionnaire de son temps. Il n’a pas le temps. Il trépigne tant. Il repart sur son scoot. Il rutile. Il empile. Il futile. Il a un train de millionnaire. Il change d’écharpe. Il est en sueur. Il dégouline. Il nage au bord de la crise.
Un jour, il s’effondrera. Un jour, il tombera. Il adorerait mourir en coupe de vent. Ne pas souffrir. Une journée de labeur, la bonne heure pour mourir. Travailler, c’est le pied. Il a toujours produit des tonnes depuis qu’il besogne. Il abat son rendement de boucher. Il ne s’arrête jamais. Il est doté d’une vitalité de psychopathe. Il est le sociopathe du journalisme. Il marche au rythme du marathon. Il découpe, il coupe, il tranche, il sectionne. Il taille des bavettes et des tranches. Si on lui laisse un cadavre, il le désosse. Il est tranché. Il est vindicatif. Il n’a pas de sentiment. Il n’a pas de pitié. Il est survolté. Il est excité. Il adore le cul. Il dore le QI. Il est hors nonnes. Il détonne. Jamais ne déconne. Pas de temps à perdre. Si vous le menacez, il envoie ses gardes du corps. Ses amis sont placés. Il a des protecteurs. Il est déplacé. Il a entassé. Il partira se cacher. Il a une propriété en Normandie. Il aimerait souffler. Des vacances. Son cauchemar serait d’arrêter.

C’est fini, on remballe. La caméra coupe. Le chef des soldats a des airs de scout. Les Palestiniens sont relâchés. Les louveteaux sont lâches. Les récalcitrants peuvent rentrer. La sortie du jour n’a pas marché. On ne sort pas des territoires. On est enfermé. On a occupé. Faut s’y faire. Fallait pas habiter en enfer. C’est pas de la faute du chef des soldats si les consignes sont des signes. Le vieux a fini de s’énerver. Les jeunes ont fini de bouder. La nuit est tombée. Le monde s’est calmé. On est en temps de paix. La guerre, c’est drôle. Les Palestiniens ne jettent plus de pierre. Les bulldozers rasent les murs. La terre pleut. On est en hiver. Y’a plus de saison. Une belle oraison. Le van repart. Le chauffeur a recouvré ses esprits. Ils pourraient dire merci. On ne tire pas. On ne torture pas. On fouille. Ils douillent. C’est la rouille. Tu pars en couille. Le chef s’ennuie. Sa journée est finie.
Quand c’est la guerre, à tout moment, il bombarde et reste calme. Lui reste serein. Lui sait pourquoi il se bat. Il survit au combat. Il est juif. Il est sioniste. Les Palestiniens sont des briseurs de rêve. Le vieux dit n’importe quoi. Les jeunes sont des insoumis. Les résistants sont des terroristes. Pas de pitié pour les terroristes. La mitraillette conte la barbe. Il en a marre de l’injustice ? Toujours on jauge les plus forts. On est du côté des victimes. On ne se rend pas compte.
Qui est assiégé à l’année ? Qui paye les pots cassés ? Qui protège l’Occident d’une guerre injuste ? Qui chasse les terroristes de la terre des prophètes ? Qui comprend les Israéliens ? Le chef aimerait qu’on se mette de son côté. Qu’on se décale de son chef. C’est dur d’être chef chez soi. C’est dur d’être maître. On plaint les victimes, mais qui pleure les chefs ? Qui se soucie de la souffrance du chef ? Qui en a marre de contrôler ? Qui est blasé de punir ? Qui a raison ? Qui a tort ? La torture est la raison des plus forts. Le chef se sent seul.
C’est dur, la vie d’un Israélien. Il faut protéger le peuple des bombes. Il faut préserver les jeunes des tombes. Qui bombe le torse ? Les bars sont ouverts. Les boîtes tournent. Qui vit à l’occidentale orientée ? Quel est l’Oriental désorienté ? Qui cède aux pressions des voisins dégénérés ? Qui est musulman ? Qui a le courage d’installer la démocratie dans le désert ? Qui est en guerre ? Qui ne sera jamais en paix ? Qui aime le sévice militaire ? Qui est du côté de Dieu ?
Allah, une foi, ça va ! Le vieux suppliait son dieu. Le vieux blasphémait. Le chef s’en fout. Il fait le fat. Il fait la nuit. Il aimerait être cerf. Il se sent serf. Il a passé sa journée à menacer. Encore une journée au service des inférieurs. C’est dur, supérieur ! C’est dur, d’être effort ! C’est dur, d’être évolué ! La Révolution des forts effraie les faibles. Le chef ne sera jamais compris. Le chef sera discuté. Le chef n’aura jamais tout à fait raison ? Où est la vérité ? Le pouvoir ? La science. Le van est reparti, les Palestiniens ont crié au scandale. Complot. Les Palestiniens ne comprennent pas la situation. Pourquoi refusent-ils les Israéliens ? Pourquoi refusent-ils de partir ? Ils sont les perdants de la partie. Ils ont joué. Les Israéliens ont gagné. Ils sont plus efficaces, plus intelligents, plus rusés.
Les Palestiniens sont des ânes sans peine. Les Israéliens sont des vainqueurs sans haine. Le chef hausse les épaules. Le car a disparu ! Il va jouer aux cartes. Les soldats jouent chaque soir à la belote en faisant leur garde. Ils boivent du café. Les Palestiniens sont loin. Les problèmes sont pour demain. Demain c’est proche, en faits. Le chef s’ennuierait sans ses Palestiniens. Il a besoin de jouer au chat et à la souris. La vie lui sourit. Il se sent en forme. Il a gagné. Il joue tant qu’il gagne. Il n’a jamais perdu de sa vie. C’est un champion. Un lutteur aux épaules de titan. C’est un athlète sans dope. Un joueur. C’est un champignon. Un suaire en terre d’ossuaire.