samedi 25 avril 2009

Une bouteille

11 Septembre 2001.

9 heures.

« Opération brouillage : OK ! »
Bruce lâche son talkie sécurisé. Cet engin coûte une fortune, une merveille fournie par sa firme. Récapitulatif : Bruce est embauché par un sous-traitant de l’armée américaine. Tiger Corp. Un mercenaire. Il a combattu dans des unités spéciales en Irak, Somalie, Philippines et Afrique du sud. Pas comme soldat. Comme démineur – spécialité électronique.
En ce moment, il se trouve en bas des Tours du WTC, le complexe de New-York. Dans un appartement loué par ses chefs. Discrétion : il est hébergé dans un logement de l’armée. Jamais on ne remonterait jusqu’à lui, quand bien même le plus perspicace des journalistes déterrerait la trace de sa présence furtive et momentanée. Ce n’est pas son affaire. Il ne se pose pas ce genre de questions. La seule prérogative qui compte : son efficacité. Concentration et dynamique. Dynamite. Bruce est le meilleur dans son domaine. Le presque est superflu. Bruce est le meilleur. Tout court. Dans son domaine – en tout cas. Ça tombe bien, sa mission est un pari – fou. Synchroniser deux avions dans les Twin Towers. Un appareil par tour. Deux tours et trois mouvements. Au tour et au moulin. Au tour du moulin. Fais pas le malin.
Le contrat n’est pas facile : l’appareil s’encastre au milieu des bâtiments, en haut, à des étages bien définis. Le moindre décalage engendrerait des déviations. Catastrophique. Le gag serait que l’opération échoue. Que les avions ratent leur cible, que l’effet visuel soit peu spectaculaire. À cette vitesse, une manœuvre de coordination très sophistiquée. Les avions arrivent tellement vite qu’il est raide pour un pilote chevronné de réussir le coup. Heureusement, Bruce télécommande – à distance. Il s’appuie sur des outils high tech qui compensent ses carences humaines.
Bruce est arrivé à l’opération de sa carrière. Il a le coup de main. Le coup en main. Il a passé des semaines à s’entraîner. Il n’a pas le droit à l’erreur. Pour éviter les impairs, il se tient à l’affût du moindre dérangement, histoire d’y couper court en cas de pépin. Il n’a pas le droit de parler. Confiance : ses états de service sont appréciés. Il n’a pas été retenu pour rien. C’est une tombe. Jamais il ne balancerait quoi que ce soit, ni à la presse, bien entendu, pas plus lors d’un repas arrosé où les convives jouent aux fiers-à-bras. Il aurait de quoi pavaner. Annonce entre la poire et le fromage : les deux Tours ont été percutées par des faux avions de ligne et se sont effondrées suite à des incendies. Ce n’est pas commun. Gradation supplémentaire posée : j’ai participé au coup – fumeux et fumant…
Des rodomontades, Bruce se fiche. Importe la prime – la réputation dans le milieu. Le meilleur. Ses chefs ne lui ont rien dit de spécifique en dehors du job. Pas d’indications, pas de commanditaires. Évidemment, un pareil coup ne se monte pas entre minots. À force de fureter dans les combines, Bruce a appris quels groupes ont la surface pour monter des attentats de taille mondiale. Il n’existe pas trente-six solutions : l’expérience qu’il vit, c’est plusieurs années d’effort, des milliards de dollars et des connaissances haut de gamme. Des concepteurs haut de gamme. Rien à dire. Pour des barbus islamistes de groupuscules orientaux, c’est mission impossible. Le supermarché : pas au-delà. Pour Bruce, c’est mission impassible. Il est excitant de se retrouver en planqué, incognito, à guider froidement une opération déconnectée de sa logique criminelle. Au cœur, mais pas au four. Ça va barder – sans lui. Bruce n’est pas un inconscient ou un innocent. En mettant le feu aux poudres, Bruce ne fait qu’enclencher l’étincelle. Il sait. Il tait. La suite, ce sera des guerres et des règlements de compte. De contes en banque. Ce ne sera plus son affaire. Bruce partira se reposer sur une île. Il sera le dernier – qu’on harcèlera. Personne n’entendra jamais parler de son nom. L’homme anonyme : invisible. Normal : il est le meilleur.
Loin de ces conjectures, loin de la conjoncture, un appel en interne le tire de sa léthargie. Le repos du guerrier avant l’action sanglante. Le massacre. L’hécatombe. Il a l’habitude. Bruce aux aguets décroche.
« Les aigles sont neutralisés. Route dégagée ! »
Traduction : les tarés ratés prévus pour simuler le détournement des avions ont été neutralisés. La presse s’emparera de la version dispensée par les instances officielles et amplifiera la rumeur. Bruce s’en amuse – déjà : il faut vraiment être benêt pour croire dans la fable des pirates de l’air. L’armée des salauds : des braillards, des soudards, des psychotiques, des simplets, des alcooliques, des drogués, des détraqués, des pervers, des incapables et des novices : autant demander à un unijambiste de battre le record du monde sur cent mètres ! Pourquoi ne pas monter sur la Lune en bateau à voile ?
Bruce s’ébroue. Les vrais acteurs peuvent entrer en scène et s’occuper du sort des avions. Les lignes commerciales ? Les vols usuels ont été remplacés par des prototypes. Des engins vides, téléguidés et aveugles. Pas de risque de rébellion, pas de dérapage. Sans entrer dans la confidence, il ne fait pas un pli que l’histoire des avions connaîtra le même sort que les pirates : on n’en entendra plus jamais parler.
Les bases militaires. La grande muette. L’armée trempe dans le coup. Les grosses multinationales cautionnent. Armement, aviation, assurances… Finance. Sans complicités, impossible de monter la combine. Complices : la logistique des services de sécurité. La compétence des militaires. L’intelligence des experts. La stratégie des diplomates. L’appui des banquiers… Bruce se doute des réseaux qui ont lancé la chasse. Des commanditaires. Des exécutants. Avec Internet, l’affaire ne sera pas classée. On en jasera dans les années à venir. Les oreilles tinteront. Bruce sifflera. Sa grande force : se concentrer sur ses objectifs personnels. Il les atteint : il remplit son attente. Sur le point de le perpétrer, il a réussi le coup de sa carrière.
« Vol number one dans moins d’une demi-heure. »
C’est parti. Une cigarette. La clope du damné. Il se cale sur son siège. Sans s’en rendre compte, il remplit un rôle majeur dans l’histoire du troisième millénaire balbutiant. Calendrier chrétien. Poste pas très catholique, mais l’important n’est pas de participer. Comme l’ajoutait son entraîneur de base-ball du temps de son enfance, c’est de briller.

5 heures.

Une bouteille. Mohamed Affa. Sursauta. Au début, il ne comprit pas d’où : il émergeait. Où ? Il se trouvait. Il nageait. Et puis… Il se souvint. Chambre d’hôtel. Un motel. Hollywood, la star. La ville. Vile. Lui le petit Arabe avait trouvé : le moyen. De vivre : Etats-Unis. La vie américaine. Un an. Fêtes, soirs, boire, boîtes, strip, teases, hôtesses. Sacrés. Hôtes. Hospitalité.
Une bouteille. Mohammed enfilait les dollars dans les strings ou entre les soutiens-gorge. Des dollars : en veux-tu, en voilà. La vie. La belle. L’appel. Tous les idéaux auxquels Affa aspirait depuis ses plus lointains souvenirs. Sa plus tendre enfance. Cinq heures. Bourré. American way of life. Ils étaient si accueillants, si généreux, si prodigues. Quelques verres de tequila, il sortait de lui. Vodka. Gin. Champagne. Il pouvait se battre, insulter, hurler, peloter les gonzesses : il ne risquait rien. Nada. Protégé. Expulsé ? Quelques coups, quelques rails : intouchable. Au-dessus : des lois. Au-dessus : de Dieu. Coup de chauffe. Coup de bourre. Coup de barre.
Une bouteille. Affa d’Egypte. Affa de la religion. La prière, les mots, le ramadan. Pas de porc, pas de clope, pas d’alcool. Clopin clopan. Les basketteurs NBA. L’Occident OPA. La vie. Avis. Le rêve. Désir. L’Egypte ? La ferme. Sclérosée – pénible. L’Islam. Le père, chirurgien, la mère, foyer, la maison, enfants. Le réveil, la veille. Affecté. Affectation. Il avait suivi une formation, il avait intégré un programme, l’armée américaine, il exécutait. Des contrats. Sécurité. Job bien payé. Sa famille ? Plus de nouvelles. Pas de nouvelles… Bonne nouvelle : il avait réussi. Il était dessus l’Egypte. La barbe des Arabes. Muslim fast.
Une bouteille. Il se moquait de la famille. De l’Islam. De la culture. Des traditions. Des hommes. Des sous. Il était programmateur. Etats-Unis. Il avait toujours rêvé d’original, de faux, de fou, de libre. Échange. Import, apport : confort. Pari gagné ! Programmer : le compte de l’armée. Le conte de l’année. Jouer des rôles, remplir des missions. Héros. Zéros. Cinq heures. Bourré. Toujours. Il sortait des dessins : animés. Opération contre-terrorisme. Une opération des services secrets – les satellites. Ça irait vite. Mohammed avait hâte de rentrer. Dormir. Job à plein temps : un islamiste détourne un avion et attaque une tour du World Trade Center.
Une bouteille. Avec les militaires, du sérieux. Le reste, les yeux. La discipline. La musique. Le pas. Camarades ! Affa dormirait, sortirait, danserait, picolerait. Cinq heures. Affa l’acteur : grandeur nature. Mature. La première fois : une mission importante. Le chef des pirates. De l’air. En tout, une douzaine. Il en connaissait six. Des camarades, il sortait et blaguait. Des Arabes. Saoudiens, Syriens, Libanais, Egyptiens, Jordaniens… United colors of. En rade. Ils embarquaient depuis Los Angeles. Pour de vrai. Les consignes. Détourné. L’avion. Prévision. Mohammed s’échinait à ne pas comprendre. Confiance. Des spécialistes, des costauds, des durs. Les services secrets. Les satellites. Espace. Espèces.
Une bouteille. Le scénario fictif. La maison, le programmateur, le mercenaire casse son verre après deux heures. Tunique, vilain pirate. Les avions. Mieux : servir pour de vrai. Jouer des rôles. Cinéma. Au moins : servir – à quelque chose. Il aimait : les States. Gin card. Il avait une situation. Confortable. Agréable. Désirs pris en charge. Délires. Au pas de charge. Quand il dépassait les bornes, son statut : invulnérable. Que demander de plus ?
Une bouteille. Affa sans scrupule : occidental. Amoral. Border. Line. Islam : croyance. Puérile. Une douche : fraîche, il s’habilla, sa montre. Cinq heures. Fourbu, repu, menu, ses camarades l’attendaient à l’aéroport. Les potos. Au poteau. Feu. De toute manière, inconnus ou pas, peu importe. Il était le chef. Leurre chef. Il avait gradé, depuis son recrutement en Italie, son arrivée en Amérique, ses entraînements et ses formations. Continu. Pour cette opération, les acteurs avaient suivi des cours : pilotage dans des écoles aéronautiques de Floride. Antiterroristes. Terreau. Risque. S’il continuait, Affa serait consultant. Opérations spéciales. Qui sait ? Peut-être un jour analyste. Peut-être envoyé en Orient grâce à sa connaissance de l’Islam. Hic !
Une bouteille. Mercenaire : Arabe moderne. Pourquoi éprouver de la honte ? Parce qu’il était le plus fort ? Du côté du plus fort ? Le plus faux ? Le plus fou. Les Ricains. Mohammed rêvait. Arabe de service. Son profil de sous-traitant. Plein temps. Sous-traite : rallier le Maussad, le réseau israélien. Le golem de la sécurité américaine. Les Saoudiens ou les Pakistanais. Collaborateur. Informateur. Doubleur. Hâbleur. Teaser. Milk check. Chèque ! Pactole et pétrole. La NASA vous envoie : la Lune. Sur Mars, un raider. Fin de la mission. Action. Les nazes vous saluent. Cake : en blanc. Crack : en bois. Envoie. Envie. Envers. Décor et frontières. Champ et pagne. Il se gratta les cheveux et émergea de son abrutissement cathartique.
Une bouteille. Voyager. Du pays. D’autres langues. D’autres clubs. Strip. Effeuilleuses. Rêve ? Les Britanniques. C’étaient les plus pointus. Ils jouaient en cent bandes, fausses bannières, reflets, myriades, déformations. Manipulations. Pour remonter les fils, il fallait du métier. Être du métier. Carte. Visite. Bosser. Rouler. Les Français. Cabosser. Abolir ses préjugés, changer son éducation. Connaître des secrets. Irréalistes. Incroyables.
Une bouteille. Six heures. Il était temps. Plein soleil. Décoller. Palier. Coller. Timing. Emploi. Ponctualité. Le vol : sept heures. D’après ses supérieurs, top secret, deux vols. L’officiel. L’autre partirait plus tard. La porte à côté. La porte étroite. Ses collègues l’attendaient. Speeder. Pas en retard. Que des Arabes. Marwan l’attendait. Marwan la vigile. Le second. Couteau. Saoudien. Un brave, passé par le Liban. D’ordinaire, c’était un parcours du Maussad. Honneur. On commençait en Arabie saoudite, on passait par le Liban et on finissait en Amérique.
Une bouteille. Méfiance. Le milieu était tortueux. Tordu. Tort tue. Trop connu. Les Arabes du Maussad : pervers. Le cerveau : retourné. Ils agissaient avec la conviction d’autres – convictions. Emprunts empruntés. Marwan veillait. Cas de problème : Marwan. Affa : confiant. Marwan : confiance. Protocole : appeler Marwan avant de prendre la voiture. Tonalité. Vénalité. Six heures. Un, deux, trois. Coup double. Pas de Marwan. Affa s’énerva. Il s’énervait : vite. Alcool. Au parking du motel, des voitures. Rangées. Pick-up. Coup de pied dans la Jeep. Rétro dézingué.
« Connard de bougnoule ! »
Dans les clubs : Affa sortait les billets, on le sifflait. Jalousie. Hollywood n’aime pas les Arabes. Les crabes. Les crânes. Le cran. Arrêt. Un gros chauve courut. Affa sortit son flingue. Le chauve sourit.
« Allonge-toi, fils de pute ! »
Affa kiffait les putes. Il sortait avec une pute, il logeait des putes. Il se tapait des putes. Il tapait des putes. La vie : une pute. Le paradis : des putes perdues. Du luxe. Au bordel : le meilleur client. Affa le mac. Des prestations. Tarif de groupe. Groupie. Le max. Appel. Marwan. Affa regretta pour la carrosserie. Le gars allongé. Pas grave. Marwan rattrapait le dérapage. Contre : rôle. Enrôlé.
« Allô, gars ? Cool ? »
Silence : radar. Plus de tonalité. Pire que tout. Le gros chauve ? Assommé. Sommeil. Affa le dérouilla. Avec ses mocassins, il savata le marcassin. Il ne bougeait plus. Marwan en ligne.
« C’est bon ?
- J’ai un problème…
- T’as plus d’essence ?
- J’ai plus de caisse !
- T’es où ?
- Bloqué à l’hôtel ! On m’a tiré ma bagnole ! »
Affa chauffa. Peut-être dans le coltar, mais sans abus : ce n’était pas la voix de Marwan. Un Ricain parlait. Un bon Blanc. Jeu de dupes. Qu’est-ce qui se passait ? Qu’est-ce qui passait ? Affa paniqua. Il se retourna. Au sol, le chauve pionçait. La Jeep blanche, avec des striures rouges sur les portières et le capot. Il aperçut un coupé sport qui se garait. Il va y avoir du sport. Tranquille. Faire un sort. Tête de Maure. De la balle.
« T’as fait quoi à notre pote ? »
Affa dans de beaux draps. Pas certain qu’il sortirait indemne de cette rencontre. Comment rejoindre l’aéroport ? Le chauve remuait. Deux hommes sortis de nulle part. Ailleurs. Ils avancent. Athlétiques et déterminés. Moqueurs et querelleurs.
« Dis-moi, t’est agressif, toi, hein ? »
Deux moustachus en jeans et vestes. Passe-partout. Des pas des lambdas. Affa flippa. Il avait reconnu : des professionnels. D’où ? De quoi ? Comment ? Confrères ?
« OK, les gras, stop l’embrouille. Je suis des services spéciaux. »
Il chercha sa carte. Son visa. Tampon.
« T’as pas répondu à la question… »
Affa sortit le sésame. D’ordinaire, ça suffisait. Il faisait son effet. Tampon. Tamponneuse. Il prit un violent coup de poing.
« Putain, vous faites quoi ? »
On le poussa.
« Les gars, arrêtez vos conneries : je dois être à l’aéroport dans moins d’une heure, moi ! J’ai une mission ! »
Ils se regardèrent. Ils ricanèrent. Ils avancèrent. Affa frottait contre la Jeep.
« Je vous préviens : vous allez vers de gros ennuis ! »
Il voulait crier. Il n’en eut pas le temps. Il ne comprit rien. Une décharge. Il s’évanouit. Quel agresseur ? Quelle magouille ? Quelles fripouilles ? Grande douleur à l’arrière : du crâne. Plus rien. Sommé. Assommé. C’était bien : la sieste. Rien : à faire. Il en avait trop fait. Trop : donné. Mercenaire. La guerre. Naguère. Enfer : paradis. Vivement la suite. Vivement la fin. Peu d’envie. Peu de vie. Vite et bien. Vite dit. Vis ta vie. Avis. À vie. En vie. En fer. En verre. Envers. Vers. Où ? Versailles. Verrue. Momie. Allah. Allah. Allah. Une bouteille.

15 juin 1999.

« Commandant ? »
Le général appuya sur l’interphone.
« Faites entrer le commandant Philpatrick ! »
Le général Knox dirigeait les Services spéciaux. Unité de renseignements militaires. Il prenait son travail très à cœur. Pour lui, cette mission émanait de Dieu. En droit fil et directe ligne. Il venait de prendre ses ordres de l’Etat-major. Le général en chef avait approuvé. Pas de commentaire. Pas de question. Pas de mais. On lui demandait le secret, les ordres étaient clairs.
« Commandant…
- Général…
- Nous avons une directive précise…
- Bien, mon général !
- Elle consiste à établir des unités contre-terroristes, soit à infiltrer les organisations terroristes opérant sur notre territoire, avec des agents doubles que nous aurons formés au préalable…
- Je suis votre homme, mon général ! »
Knox observa Philpatrick : ce soldat travaillait selon les normes de la mentalité militaire : au nom des ordres. C’était un puritain, un fidèle, un exécutant, qui ne posait jamais de questions. Il croyait en Dieu. Il croyait en l’armée. Il croyait dans le K.K.K. Il venait du Sud, de la tradition du Sud, des valeurs du Sud – sa source et son fief.
« Vous avez été désigné pour remplir la mission…
- Je la remplirai !
- Avez-vous des pistes quant à la formation ?
- J’ai déjà quelques hommes !
- Des agents ?
- Affirmatif !
- Ont-ils le profil ?
- Ce sont des mercenaires qui viennent de débarquer ou qui stationnent dans nos bases européennes.
- Où précisément ?
- Allemagne ou Italie…
- Bien. Avez-vous des pistes d’organisations susceptibles de répondre à nos critères d’investigation ?
- Les organisations n’existent pas vraiment…
- Vous plaisantez, mon cher ? Les islamistes pullulent !
- Les organisations que nous avons répertoriées sont déjà infiltrées et financées…
- Par nos bons soins ?
- Effectivement !
- En ce cas, rien de plus élémentaire : envoyez vos agents doubles dans ces nids à serpents et contrôlez les traîtres, histoire que nous ayons des résultas et du chiffre !
- Nous ne manquons pas de candidats ! En général, ils choisissent le Pakistan ou l’Arabie saoudite !
- Où stationnent-ils ?
- Nous les tenons sous la main, dans des bases militaires ou aux abords ! Principalement en Floride ! Ils ont la belle vie, ils font des petits essais pour l’armée…
- Des mercenaires ?
- Affirmatif !
- Bichonnez-les. Nous aurons besoin de leurs services pour des manœuvres d’envergure ! »
Philpatrick s’exécuta. Le général était un homme de parole, qui travaillait de longue date pour les intérêts de la nation américaine. Sa conception des intérêts. C’était un patriote d’une telle intensité qu’il jugeait les patriotes conventionnels comme des traîtres. Dans sa mentalité, il n’y avait pas de place pour l’alternative : le patriote devait trahir la démocratie. La démocratie exprimait la trahison de la patrie. Les militaires sauvaient la patrie. La partie était simple.
Le général Knox était un homme de réseau. Le K.K.K., les églises réformées, les réunions d’anciens combattants, les revues des unités spéciales : Knox trempait dans la mentalité parallèle des huiles de l’armée. Philpatrick était impressionné. Qu’un général à quelques lignes de la retraite mouille le maillot n’était pas monnaie courante. C’était le signe d’une vision, d’un engagement spirituel. Le monde, les officines et les coteries : le général travaillait pour les mêmes intérêts que le commandant.
« Autant vous dire mon général que je nourris une complète confiance dans vos décisions et que je les appliquerai, y compris et surtout si je ne les comprends pas…
- Vous êtes un indomptable, commandant. Un héros. Il faudrait plus d’individus de votre trempe pour restaurer la nation américaine et faire en sorte que le rêve des Pères fondateurs ne finisse pas de manière dramatique dans l’abjection et la fornication !
- Dieu vous entende, mon général !
- Dieu bénisse l’Amérique ! »

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